Les aventuriers des îles by Fuligni Bruno

Les aventuriers des îles by Fuligni Bruno

Auteur:Fuligni, Bruno [Fuligni, Bruno]
La langue: fra
Format: epub
Tags: histoire
Éditeur: EDITIONS PRISMA
Publié: 2016-06-09T03:00:00+00:00


Jacques Brel (1975-1978)

Belles Marquises

Les Marquises : quelques miettes de pain tombées de la poche de Dieu sur l’infini bleu du Pacifique. C’est là que Jacques Brel décidera de croire en la guérison.

Pourtant, en réanimation, au réveil de l’intervention bruxelloise du 16 novembre 1974, après l’ablation du lobe supérieur gauche, Brel avait balbutié un prophétique : « … At… Atlantique… »

Un demi-poumon en moins, mais le souffle est là. Et le sera toujours. Pressant sa convalescence, il s’enfuit de Belgique pour les Canaries. Là, accompagné de la dernière de ses biches, Maddly Bamy, il retrouve France, sa fille de vingt et un ans. Amarré à Porto Rico, l’Askoy, un voilier de dix-neuf mètres, qu’il avait acheté quelques mois plus tôt à Anvers, s’impatiente.

Brel, plus Rimbaud que jamais, doit partir. Droit devant. Dans deux jours, France, Maddly et Jacques fêteront 1975 dans un monde de bleus, ciel et mer.

Après presque un mois d’une traversée éprouvante, l’Askoy reprend son souffle à Fort-de-France. Sa fille, elle, est débarquée et retourne en Europe : impossible de voyager à trois. Brel l’avoue : il ne comprend rien aux enfants. C’est encore plus simple d’être Vasco de Gama.

Les Antilles ne sont pas son ailleurs. Après quelques mois à traînasser en mer des Caraïbes, dorénavant seul avec Maddly, ils franchissent le canal de Panamá, vers l’océan Pacifique.

Nous sommes en novembre 1975 quand l’Askoy jette l’ancre dans l’anse de Tao-Ku, devant Atuona. C’est dans ce village, le seul de l’île d’Hiva-Oa, que Paul Gauguin avait fui une ultime fois, que l’on avait retrouvé à sa mort sur son chevalet un paysage breton… Les Marquises.

D’une beauté sévère, architectonique, Hiva-Oa, abrupte et voluptueuse, ne compte pas plus de mille deux cents habitants. Et même pas cent Popaa – les Blancs.

Enfin seul, à des milliers de kilomètres de tous ces journalistes qui le poursuivent, attendant sa mort, l’annonçant parfois, Brel se pose enfin. Il écoute Mozart, Schubert, lit Daudet, La Bruyère, Maupassant et s’exalte pour Henry Miller, l’auteur de Tropique du Cancer.

Il achète une maison. À une vingtaine de mètre au-dessus du niveau de la mer, entre la gendarmerie et le cimetière, à portée de cloche de l’église, la demeure est modeste : un salon, un bureau, une chambre, une cuisine, une salle d’eau. C’est tout.

Jacques cultive son jardin. Pour de vrai ! Au milieu des frangipaniers rose et rouge, des hibiscus blancs, des vierges d’or jaunes, des citronniers, des avocatiers, des mandariniers et des cocotiers, Brel introduit la tomate olivette et le navet sous des latitudes qui leur étaient jusqu’alors inconnues…

Mais une fois ailleurs, il faut encore aller plus haut. Hiva-Oa possède le luxe d’un aéroport, contrairement aux îles voisines. Brel revend l’Askoy et s’achète un avion. Un oiseau de plus ici, un Twin Bonanza, un Beechcraft modèle D50. On peut y monter à huit et une fois le plein fait, voler plus de six heures.

En hommage à son meilleur ami, son meilleur frère, le coucou est baptisé Jojo. Il l’avait enterré en septembre 1973 à Paris. Jojo, « six pieds sous terre ».



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